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COMITÉ D'ACTION LYCÉEN - NANTES 44
19 juillet 2008

Ma première manif. touristique... à Lyon !

C'était le 10 avril 2008, le mouvement Nantais contre la casse du service public de l'éducation était un doux rêve, le mouvement Lyonnais atteignait son apogée. En plein cœur d'un voyage en Rhône-Alpes, dont l'un des thèmes était la Résistance pendant la seconde guerre mondiale, je me retrouvais libre pendant une après-midi dans la capitale des Gaules. Hasard ou signe du destin, j'apprenais qu'une manifestation lycéenne était prévue place Bellecour vers 14h30, c'est à dire à l'endroit exact et à l'heure exacte où mon car me déposerai pour une carte blanche qui s'annonçait militante.

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Armé de mon sac de touriste et de mon inséparable appareil photo, je vais à la rencontre des premiers manifestants réunis devant la statue de Louis XIV. Mes camarades vont eux aussi s'informer de l'événement qui se prépare et apprennent les revendications de nos amis Lyonnais, engendrant par la suite de nombreuses discussions et certainement une prise de conscience sur les réformes de l'éducation. Je serai par contre seul à participer à la manifestation.

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Il est vrai que proportionnellement à la taille de la place Bellecour, troisième plus grande place de France (44160m²), le cortège lycéen pouvait paraître restreint. Mais petit à petit, des groupes venus des quatre coins de la ville arrivent, ce qui retarde quelque peu le départ. Nous sommes finalement selon mon estimation, entre 1000 et 1500 à fouler le pavé. C'est d'ailleurs ce qu'annonce SUD Education. Il faut beau, il faut chaud, le temps est idéal pour découvrir cette grande ville dans une ambiance joyeuse. Enfin, nous sommes surtout là pour protester !

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J'ai pu constater avec satisfaction combien les lycéens lyonnais connaissaient leur sujet. Que ceux qui crient à la manipulation se rendent dans une manif. lycéenne, ils comprendront que ceux qui défilent ne le font pas pour sécher des cours mais bien par conviction. Il s'agissait de la seconde manifestation à Lyon, d'après toutes mes rencontres, plus fournies que la première. Des banderoles, des pancartes, de la peinture sur le visage, un t-shirt taggé pour l'occasion... ils sont nombreux à marquer leur détermination. Plusieurs lycées étaient d'ailleurs bloqués pour l'occasion comme le rapporte Rebellyon.info. Les lycéens en bac pro étaient particulièrement actifs à Lyon et ce depuis plusieurs semaines.

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A Lyon, il y a des drapeaux partout ! Des drapeaux d'organisations syndicales bien entendu. L'UNL se positionne stratégiquement en tête en compagnie de l'UNEF ; SUD et la CNT restent dans le cortège. On verra même des enseignants du CNES se présenter et des étudiants de la FSE. J'apprendrai plus tard que des militants CGT encadraient le tout. La FIDL aussi était là, des tracts volant dans les airs. Mais point de drapeaux. Pourtant, c'est bien la ville d'Alix Nicolet ! Je me dois de préciser que les lycéens représentaient à vue d'oeil près de 90% du cortège.
Pas de coordination à Lyon, ou en tout cas, capable d'organiser l'événement. Ce fut donc tout au long du parcours, une bataille regrettable entre les bataillons UNL et UNEF face à SUD, CNT et FSE. Les premiers avaient prévu un service d'ordre (je supris un membre au téléphone alertant d'un possible "dérapage"), les seconds réclamaient de ne pas être encadrés par la police. Bref, de mener un troupeau de moutons.

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La présence policière était vraiment impressionnante. Devant, derrière, sur les côtés, nous étions "bien" entourés ! Je crois que contrairement à la tradition Nantaise, les Lyonnais doivent déclarer leurs manifs. en préfecture. La police était omniprésente, ce qui immanquablement a déclaré chez moi un sentiment d'oppression. 2 arrestations eurent lieu à l'hôtel de ville. Malgré une tentative de diversion, nous resterons groupés jusqu'au bout.

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Comment participer à une manifestation exotique sans en tirer des enseignements. Cela en identifiant les points positifs et négatifs. Tout d'abord, ça allait beaucoup trop vite ! Certes, ce n'était pas pour me déranger puisqu'une fois rendu à l'autre bout de la ville il fallait que je rebrousse chemin. Mais les porteurs de banderole marchaient à une telle vitesse que nous étions obligés de faire des pauses tous les 100m. Ensuite, l'encadrement étudiant était gênant. C'est une bonne idée de prêter main forte aux benjamins mais de là à monopoliser la première ligne et surtout les mégaphones (avec des slogans hors-sujet)...  On pouvait très bien distinguer les "leaders", selon certains "autoproclamés".  Un mouvement lycéen ne doit-il pas être l'occasion de spontanéité et de prise d'initiatives ? Pas de chance pour l'UNL qui aura eu beau mettre des drapeaux un peu partout, c'est une militante de SUD qui fera la une de Métro le lendemain. D'ailleurs, les médias étaient en nombre et j'imagine que tous les lyonnais qui s'informent doivent être au jus. Les syndicalistes ne doivent pas oublier que leur syndicat est essentiellement un outil de lutte. Le potentiel de mobilisation à Lyon (ville de gauche) est gigantesque ! Il s'agit de la 3e ville de France en population intra-muros et 2e avec l'aire urbaine.

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Petit à petit, nous arrivons au terminus. Je garde la tour du Crédit Lyonnais comme repère visuel, je me situe à plusieurs kilomètres de mon rendez-vous. Nous nous dirigeons vers la place Guichard. La police quadrille les rues des alentours alors que les lycéens s'installent sur des sortes de tribunes au centre aux alentours de 16 heures. Je prends mes derniers clichés avant de partir. J'apprendrai plus tard que des lycéens de SUD ont organisé une inter-lycéenne dans la soirée. J'apprendrai aussi que peu de monde y participa puisque la FIDL et UNL, en belle collaboration avec la police, firent évacuer rapidement les lieux.

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Ce même 10 avril, des manifestations lycéennes eurent lieu à Saint-Étienne (environ 500 personnes), Chambéry (1200) et bien sûr Grenoble avec 6500 manifestants ! Par la suite, le mouvement ne gonfla plus. Les vacances de printemps marquèrent le déclin de la lutte en Rhône-Alpes. Malheureusement, le manque de coordination nationale fit que nos mouvements furent en décalage à travers la France. Moi, j'aurais découvert la ville sous une autre facette et saboté mon compte-rendu de voyage. J'aurais étudié de l'intérieur sans être impliqué, les différents mécanismes d'une manifestation qui ne sont pas exactement les nôtres. C'était la journée la plus ensoleillée de la semaine et une drôle d'expérience !

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